Depuis plusieurs années, l'oeuvre de Laura Lamiel, structurée par une démarche de peintre, s'organise en des "sites" ou des lieux proches de l'atelier dont elle restitue certains états.
Des volumes abstraits – briques, cubes, "tableaux" – faits d'acier émaillé blanc construisent l'espace de ses installations verticalement et horizontalement. La blancheur immaculée de l'émail – matériau privilégié de l'artiste – contraste avec la polychromie des objets trouvés dans la rue – "moquettes de trottoirs", barres métalliques, caddies de marché, gants écrasés, journaux… – et des matériaux achetés neufs – baguette de bois, molleton de ponceuse, caoutchouc, peau de mouton, silicone. Des éléments de mobilier – table, bibliothèque, siège – participent des ensembles constitués.
Lieu de travail et de stockage, l'atelier de Laura Lamiel est lui-même une vaste installation où voisinent documents, matériaux, travaux en cours et pièces achevées qui s'empilent, se superposent de façon perpétuellement mouvante. "En fait – précise Laura Lamiel – l'atelier est rarement dérangé, des agencements succèdent aux agencements". L'artiste en photographie certains états qu'elle reporte sur le support de l'acier émaillé. Ces images, mises en abîme de l'atelier, viennent à leur tour habiter de nouvelles installations. Ce sont, pour Laura Lamiel, des pièces "qui réfléchissent l'atelier, au sens propre et au sens figuré"
La notion de lieu est un des axes majeurs du travail de cette artiste dont l'œuvre conjugue de multiples figures de l'espace : espace privé de l'atelier, espace public de la rue, espace moderniste du "cube blanc", scène de l’art du XXe siècle.
L'exposition construite par Laura Lamiel au Quartier, s'ouvre avec une pièce particulière, La Bibliothèque. Elle contient une suite de 600 petites pièces émaillées sur lesquelles s'impriment les pages d'un journal de bord tenu entre 96 et 97 que l'on peut consulter.
Elle se poursuit à travers deux espaces. Le premier, où s'agencent plusieurs "sites" et plusieurs pièces, fonctionne de manière mimétique vis-à-vis de l'atelier. Le second accueille la version II d'une pièce majeure intitulée Le Ring.
Partie intégrante de son travail, le livre – objet Avoir lieu, paru aux éditions Au Figuré, est également présenté. L'ouvrage, contenu dans des boîtes blanches d'acier émaillé, repose sur des tablettes du même matériau. Nouveau "site", nouvelle scène, ce livre convoque à nouveau l'atelier mais travaille aussi son déplacement et sa circulation.
Communiqué de presse du Quartier, 1998