Exposition de groupe
Le vicomte pourfendu
Marcelle Alix, Paris, 2012.
Le vicomte pourfendu place le lecteur dans une situation particulièrement jouissive. Ce conte philosophique d'Italo Calvino écrit en 1951, peut-être le moins connu de la trilogie Nos ancêtres, dépeint une situation que nous reconnaissons sans mal, puisqu'elle joue sur un système d'oppositions autour duquel s'élabore notre rapport au monde. Dans le conte, la mauvaise moitié du Vicomte génois Médard de Terralba revient de la guerre, pourfendu par un boulet de canon. C'est cette même moitié d'homme, multipliant les gestes destructeurs, qui coupe tout en deux, une fois réinstallé sur ses terres. Plus tard, le récit bascule: à l'arrivée miraculeuse de l'autre moitié, la bonne. Cette binarité primaire rejouée par Calvino s'épanouit jusqu'à ses limites, dans le chaos le plus total. Les deux moitiés, finalement obligées de s'affronter, vont d'une certaine façon « suspendre le paradigme ». Nous nous retrouvons dans la situation décrite par Roland Barthes, alors qu'il définit le Neutre comme la suspension des systèmes d'oppositions qui régissent nos vies.
extrait du texte de l'exposition
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